Les médecins ont aussi des sentiments et les patients dits « difficiles » risquent d’être moins bien « traités », suggère cette étude néerlandaise. Un patient agressif ou réfractaire va conduire le médecin à perdre sa concentration, et finalement, dans certains cas à poser un diagnostic erroné. Ces conclusions, présentées dans le British Medical Journal, issues de la pratique de 60 jeunes médecins, confirment ainsi l’association entre certains archétypes et l’erreur de diagnostic.
A travers des consultations fictives et 6 scénarios de consultation différents reflétant certains archétypes de patients difficiles (demande insistante de traitement, agressivité, refus de soin, absence d’écoute, remise en question de la compétence du médecin, non observance…), les chercheurs de l’Université Erasmus ont analysé les diagnostics de 63 médecins. Les situations cliniques appelant à diagnostic reflétaient des cas simples et complexes (pneumonie, embolie pulmonaire, inflammation du cerveau, hyperthyroïdie, appendicite, pancréatite alcoolique aiguë). La précision diagnostique et le score de sympathie des patients ont été rapprochés. L’analyse confirme qu’en cas de patients plus « difficiles », le risque d’erreur de diagnostic est significativement accru :
Ø ainsi, la précision du diagnostic est significativement plus faible pour les patients difficiles que les patients neutres (score de précision diagnostique de 0,54 vs 0,64).
Par ailleurs,
· les cas simples sont bien diagnostiqués plus précisément que les cas complexes,
· tous les scores de précision de diagnostic augmentent après réflexion, quelle que soit la complexité du cas et le comportement du patient, ce qui rappelle l’importance de la durée de consultation pour la bonne décision de traitement.
Ainsi le patient « perturbateur » prend un gros risque, celui de faire faire à son médecin plus d’erreur de diagnostic. Néanmoins, s’il prend le temps nécessaire, le médecin peut être en mesure avec ce type de patient de faire un diagnostic plus précis.Il est important, concluent les auteurs, que tous les médecins soient conscients de leurs réactions émotionnelles face aux différents comportements des patients. Il y va de la sécurité des patients.
Source: BMJ Quality & Safety March 7 2016 Do patients’ disruptive behaviours influence the accuracy of a doctor’s diagnosis? A randomised experiment (Vignette NHS)