Plus de négligence dans l’hygiène, des mains notamment, à la fin d’une garde prolongée ou de nuit à l’hôpital, c’est l’information remontée par cette étude américaine, qui montre que les personnels de santé suivent mieux les consignes d’hygiène en début qu’en fin de garde. Ces conclusions, présentées dans le Journal of Applied Psychology, plaident aussi pour une nouvelle organisation du temps de travail.
Les chercheurs de l’Université de Pennsylvanie et de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill ont eu l’idée d’utiliser des badges électroniques pour les professionnels de santé participants et des détecteurs placés sur les distributeurs de savon pour évaluer la fréquence de lavage des mains, à l’entrée et à la sortie des chambres des patients.
56 unités de 35 hôpitaux américains ont été ainsi équipés et les chercheurs ont pu recueillir les données de fréquence de lavage des mains de 4.157 personnels de santé, dont 65% d’infirmières, 12% d’aides-soignants, 4% de médecins, 7% d’autres professionnels de santé et 12% d’autres agents hospitaliers. De ces données, les chercheurs ont également estimé le nombre de lavages des mains théorique nécessaires correspondant aux recommandations.
· Le premier résultat, dans la pratique est que les personnels de santé ne pratiquent le lavage des mains que dans 43% des situations où cette mesure d’hygiène est recommandée, durant leur première heure de garde.
· La seconde conclusion est que ce taux est encore réduit, et précisément à 35% à la fin d’un quart de garde de 12 heures.
· Plus les visites de patients sont nombreuses, répétées et prolongées, moins les consignes sont respectées.
· En revanche, après une longue pause de plusieurs jours entre 2 quarts de travail, le lavage redevient plus systématique.
· Une demi-journée de congé supplémentaire entre 2 gardes est associée à une augmentation de 1,3% de la conformité du lavage des mains
· Plus le nombre d’heures travaillées dans la semaine précédente est important, moins les recommandations d’hygiène des mains sont respectées.
Des milliers de décès à la clé : Sur les seuls 34 hôpitaux pris en compte dans l’étude, les chercheurs estiment que ces manquements à l’hygiène sont responsables de plus de 7.500 évitables. Cela équivaut à 600.000 infections évitables et 35.000 décès évitables, chaque année, dans l’ensemble des hôpitaux américains.
Fatigue, oublis et négligences : En dépit des recommandations, la surcharge de travail et la fatigue entrainent des oublis ou des négligences et, globalement une réduction progressive du respect des normes d’hygiènes hospitalières. Si cette étude met en évidence la faillibilité humaine naturelle, elle rappelle aussi qu’un contexte hospitalier trop exigeant ou stressant et de trop longues durées de travail peuvent avoir des conséquences sur l’hygiène et la qualité des soins.
Source: Journal of Applied Psychology 3 November 2014 The Impact of Time at Work and Time Off From Work on Rule Compliance: The Case of Hand Hygiene in Health Care
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