C’est le constat réalisé lors des Rencontres de la Cancérologie qui se tiennent du 1er au 4 décembre à Paris. Bénéficier la chimiothérapie chez soi grâce au développement des traitements oraux et de l’hospitalisation à domicile (HAD), c’est un objectif qui répond au confort de vie des patients et qui tend à passer de l’exception à une pratique plus courante. Cependant de nombreuses adaptations du système de soin restent à mener, afin d’accompagner les professionnels de ville et les équipes hospitalières dans cette évolution et afin de préserver un parcours de soin fluide pour le patient.
En matière de prise en charge des cancers, la tendance est aussi à des phases d’hospitalisation de plus en plus courtes et à une part des soins réalisés en ambulatoire ou à domicile en progression. Le nouveau Plan Cancer 2014-2019 a bien précisé les conditions nécessaires à cette évolution. « Les chimiothérapies en HAD sont réalisées dans les mêmes conditions de qualité et de sécurité qu’en hôpital de jour (HDJ) », souligne Isabelle Hirtzlin, chef de projet à la Haute Autorité à la santé (HAS).
L’activité de l’HAD jusqu’alors centrée sur les soins palliatifs s’est donc étendue à la prise en charge des traitements oraux et sous-cutanés en oncologie. Cette dynamique récente a été impulsée par l’évolution des modalités d’administration des traitements (de l’injection en intraveineuse à la voie en sous-cutanée ou orale) et par le développement de la chimiothérapie en hématologie.
Le développement des chimiothérapies à domicile ne pourra cependant pas se faire sans une meilleure couverture territoriale de cette activité par l’HAD. Aujourd’hui, quatre régions – Ile-de-France, Limousin, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur- représentent, à elles seules, 82 % de l’activité.
Des conséquences dans l’organisation des soins : Le Plan Cancer a bien pris en compte l’importance d’accompagner les professionnels de ville et les équipes hospitalières dans l’évolution de leurs pratiques et de leurs interactions, dans le sens d’une progression de la HAD, afin de préserver pour les patients une continuité de soins.
– L’augmentation des prises en charge à domicile et développement qui sollicite de plus en plus les professionnels de proximité, comme le médecin traitant, les IDE et les pharmaciens de ville, notamment pour la délivrance des traitements à domicile implique de nouvelles formations.
– De nouveaux modes d’échanges d’information ville-hôpital, dont les réseaux sont les précurseurs, devraient également permettre aux professionnels de ville de transmettre à l’hôpital les informations « de proximité » sur le patient, issus de sa surveillance au domicile. Ainsi, l’opportunité d’un carnet de suivi partagé avec le patient a été proposée à l’expérimentation.
– De la part de l’hôpital, cela implique une diffusion, par exemple via le DMP (Dossier médical personnel), des données du parcours de soin du patient aux professionnels impliqués dans son traitement et suivi à domicile.
– Enfin, il s’agit encore de mieux définir les conditions de sécurité et de qualité de délivrance des anticancéreux à domicile, en particulier des traitements sous forme orale, amenés à prendre une place de plus en plus importante. Dans cet esprit, le dernier Plan Cancer prévoit un pilotage de l’ARS, en lien avec le réseau régional de cancérologie et les différents acteurs impliqués pour répondre à cette plus grande diversité des prises en charge, jusqu’à la HAD.
En 2015, la HAS devrait émettre des recommandations pour favoriser davantage la croissance des chimiothérapies à domicile. «Une activité de l’HAD est encore mal connue et sous-utilisée par les prescripteurs ; la tarification inadaptée ; l’activité complexe à mettre en place au niveau médical et logistique. Sans oublier que la place du médecin traitant reste marginale ».
Communiqué Semaine de la Cancérologie, organisée parl’ARS-IdF et les RCFr14, Sessions du 3 décembre 2014
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