Est-ce une raison pour laquelle les hommes, meurent en moyenne plus tôt que les femmes ? Ces deux études qui ont exploré le comportement des hommes, face au médecin et…aux problèmes de santé, apporte des enseignements importants. Les hommes préfèrent plutôt les médecins de sexe masculin, mais sont moins susceptibles d’aller consulter que les femmes et surtout d’être honnête et de faire part de leurs éventuels symptômes. Et cela, d’autant plus qu’ils se donnent une image de virilité. Deux études de psychologues de l’Université Rutgers, à consulter dans la revue Preventive Medicine et dans le Journal of Health Psychology.
3 études menée au total sur 546 patients ont examiné l’influence de la masculinité dans les interactions médecin-patient. Dans les études 1 et 2, les hommes ont finalement renseigné leur propension à la masculinité voire à la virilité, leurs préjugés sexistes et leurs critères de choix du médecin. L’étude 3 a consigné les symptômes communiqués par ces patients, dans un cadre clinique, soit à un médecin homme, soit femme. Les chercheurs ont enfin analysé l’interaction entre la communication des symptômes, la masculinité et le sexe du médecin et le bien-être des participants. Le comportement des hommes, face à la santé est bien différent : les hommes apparaissent,
· moins susceptibles que les femmes de consulter,
· plus susceptibles de choisir un médecin de sexe masculin : le médecin homme est perçu comme plus compétent par la majorité des hommes.
· moins susceptibles d’être honnête au sujet de leurs symptômes, en particulier lorsqu’ils consultent un médecin homme.
· Plus les hommes sont évalués comme ayant une « masculinité » ou « virilité » affirmée, moins ils sont enclins à parler de leurs symptômes au médecin.
Les auteurs commentent : « finalement, la virilité peut être un obstacle à la prévention et au maintien d’une bonne santé, en raison d’une plus grande difficulté de communication avec le médecin ».
Ces études suggèrent que la masculinité peut affecter la santé des hommes en encourageant le choix systématique d’un médecin de sexe masculin avec qui la communication médecin-patient peut être altérée. Ainsi, le trait de l’homme dur, courageux et qui ne montre pas ses émotions se prolonge jusqu’au cabinet de son médecin. Ces patients vont avoir tendance à taire leurs problèmes médicaux, en particulier face à un médecin de sexe masculin. Enfin, c’est bien un préjugé de compétence accrue qui pousse les hommes à choisir plutôt un médecin du même sexe, et non la possibilité éventuelle d’une expression plus libre, puisque, selon ces résultats, les patients hommes s’expriment en fait plus librement face à un médecin du sexe opposé.
Virilité ou simplement autonomie et confiance en soi ? Une seconde étude, présentée dans le Journal of Health Psychology menée auprès de 193 étudiants (88 hommes et 105 femmes) et sur un groupe témoin de 298 personnes, à 50% des hommes et 50% des femmes confirme que les hommes à la personnalité fortement masculine, sont moins susceptibles de demander un conseil ou une aide à leur médecin, plus susceptibles de minimiser leurs symptômes et ont finalement des résultats de santé moins favorables que ceux des femmes. Cependant, cette seconde révèle que les femmes qui s’estiment les plus autonomes ont approximativement le même comportement vis-à-vis du médecin.
Ø C’est donc globalement le sentiment d’autonomie qui semble être un frein à l’accès au médecin et aux services de santé. Indépendamment du sexe. Si ce n’est que les hommes ont été « programmés » pour être courageux, autonome et solides.
Des implications importantes pour la prévention en santé de l’homme qui impliquera probablement plus de questionnements des professionnels de santé, durant la consultation ou les soins. Les auteurs expliquent « C’est parce qu’ils ne veulent pas faire preuve de faiblesse ou de dépendance à l’autre, y compris à un médecin de sexe masculin », concluent les auteurs.
Preventive Medicine March 2016 doi:10.1016/j.ypmed.2015.12.008 Masculinity in the doctor’s office: Masculinity, gendered doctor preference and doctor–patient communication
The Journal of Health Psychology March, 2016 (In Press)
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