DP et DMP, ou DP ou DMP ?
Deux dossiers, l’un le Dossier Pharmaceutique (DP), lancé fin 2008 et aujourd’hui adopté par plus de 98% des officines et plus de 28 millions de patients, l’autre, le Dossier médical personnel (DMP), lancé en 2004, et mis en place pour 350.000 patients, moins de 5.000 professionnels de santé libéraux et 350 structures de soins. Alors que le DP est devenu incontournable et présenté aujourd’hui par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) comme pouvant aussi répondre, à terme, aux grands enjeux sanitaires actuels comme la coopération entre professionnels de santé, la question peut se poser, dans ce contexte de réduction des dépenses et de simplification, de conduire deux dossiers de front, somme toute « concurrents », si l’on a l’objectif d’une vision globale, sécurisée et simplifiée des systèmes d’information en santé.
Alors qu’encore récemment la Cour des Comptes soulignait la défaillance de pilotage du DMP, en regard des investissements réalisés et des dépenses à venir, et, des chiffres d’adhésion, qui parlent d’eux-mêmes, le succès éclatant du DP, ses multiples développements possibles traduisent la nécessité d’un référent intuitu personae professionnel de santé, le rôle central du médicament, dans la santé en général, mais aussi en épidémiologie et surveillance. Au moment, où un récent rapport envisage la création d’une nième structure destinée la pharmaco-surveillance, pourquoi ne pas réfléchir à la combiner au système DP spontanément nourri par les professionnels de la dispensation et de la délivrance et les patients eux-mêmes.
Le bon usage du médicament, la coordination entre professionnels de santé, le décloisonnement ville-hôpital, n’est-il pas au cœur, déjà du DP ? A l’origine des données qu’il vient transmettre à son pharmacien avec sa prescription, l’usager de santé n’est-il pas naturellement responsabilisé s’il est conscient que ses données vont participer à la pharmaco-surveillance ? La coopération médecin-pharmacien n’est-elle pas déjà renforcée ? Le déploiement du DP ne peut-il se poursuivre, à plus grande échelle dans les établissements de santé ? Le DP n’est-il pas déjà au cœur des alertes sanitaires ?
Certes, certains objecteront que les enjeux, les fonctionnalités, les budgets ne sont pas les mêmes. « Mais il y la volonté des pharmaciens de contribuer concrètement à résoudre des problématiques de santé publique. » indique Isabelle Adenot, Président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Et peut-être nécessité à faire confiance aux prescripteurs et aux « dispenseurs » ? Alors que la signature d’un arrêté ministériel, en juin 2013, a officialisé le début de l’expérimentation de l’accès du DP-Patient aux urgences, en anesthésie-réanimation et en gériatrie, où le risque iatrogène accru a récemment été souligné, le DP pourrait devenir également un outil de consultation de base pour le corps médical.
Une plus-value objective du Dossier Pharmaceutique qui n’est pas passée inaperçue aux yeux des autorités sanitaires puisque la DGOS lance une évaluation de cette expérimentation : « Le recours de plus en plus important au DP au sein des établissements de santé s’inscrit résolument dans la démarche des parcours de soins et le contexte, plus global, de l’amélioration de la qualité, de la sécurité et de la coordination des soins. Cela, avec pour objectifs forts, d’accélérer le décloisonnement ville/hôpital, d’agir sur la sécurité de l’acte de prescription et de garantir la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse», souligne Jean Debeaupuis, directeur général de l’offre de soins.
Le CNOP, de son côté estime qu’il est aujourd’hui possible d’évaluer le DP pour savoir précisément comment il est utilisé, et quels sont les bénéfices apportés, tant pour les patients que pour les professionnels ou pour le système de santé.
CNOP > CP-Le Dossier Pharmaceutique (DP) : Un outil professionnel qui répond aux enjeux sanitaires actuels– Site du DMP
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