La France est l’un des pays développés ayant le plus fort taux de consommation de médicaments par habitant et celui dans lequel les prescriptions non conformes semblent le plus fréquentes, constate le rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament des Prs Dominique Costagliola et Bernard Begaud, pharmacologues et épidémiologistes. Des mesures sont donc proposées pour lutter contre les conséquences de ces mésusages jugés ici comme « un fardeau considérable, d’ampleur comparable aux grands fléaux sanitaires qui touchent notre pays ».
Des recommandations présentées dans un esprit d’efficacité politique et du système sanitaire et s’appuyant sur deux leviers principaux, la création d’une structure organisant et facilitant l’accès, pour les autorités sanitaires et les chercheurs, aux différentes sources de données en santé et une meilleure formation des professionnels de santé et du grand public, aux principes de base de la bonne prescription et du bon usage du médicament.
Accès aux données de santé sur l’usage du médicament: Disposer de statistiques précises sur le Médicament est un préalable, en particulier compte-tenu de la situation française jugée ici très complexe en matière d’accès aux données. Plateforme de mise à disposition de données en épidémiologie, pharmaco-épidémiologie, statistique, informatique, médecine et pharmacie et de conseils aux utilisateurs, avec accès validé par un Comité Scientifique indépendant, la structure envisagée pourrait être rattachée à l’Agence française de sécurité du médicament (ANSM) et dirigée par un Directeur de haut niveau. Cette base de données sophistiquée serait enrichie, selon une autre recommandation du rapport par de nouvelles recherches en pharmaco-épidémiologie visant à mieux documenter encore l’usage des produits de santé.
Des professionnels mieux formés et mieux informés : La formation initiale sur le médicament jugée insuffisante par le rapport, en France, fait également l’objet de recommandations, de renforcement, de programmation prenant en compte une connaissance minimale des pathologies et d’intégration des aspects pharmaco-épidémiologiques et médico-économiques. Tout comme la formation continue via le dispositif du DPC. Au « quotidien » enfin, les effets collatéraux des décisions administratives (arrivée d’une nouvelle molécule, retrait du marché ou déremboursement…) devraient être anticipés et limités par une information adéquate des professionnels de santé, indiquant, en particulier, l’attitude thérapeutique à adopter. Un portail d’information unique et de référence pour les professionnels de santé viendrait compléter ce dispositif de formation, en apportant une information adaptée aux soins primaires, actualisée et facile d’accès, en prévention du mauvais usage du médicament. Enfin, en pratique clinique, les logiciels d’aide à la prescription devraient être soumis à validation par un groupe de travail pluridisciplinaire.
Des usagers plus sereins: Formation dès le collège et le lycée, meilleure information du public sur les effets des médicaments, actions vers le public en partenariat avec les professionnels, campagnes dans les médias, brochures …, de nouvelles initiatives sont également recommandées pour lutter contre la perte de confiance dans les institutions et le médicament.
Donc différentes propositions ayant pour objectif de renforcer le système de surveillance et la transparence du médicament qui doivent encore être « analysées » par le Ministère de la santé et qui, si elles n’ont pas pour objectif de limiter la liberté des prescriptions mais de favoriser la diffusion des bonnes pratiques de prescription, visent à identifier les dérapages et, en cela, mettent en œuvre un contrôle supplémentaire sur l’exercice médical.
RAPPORT SUR LA SURVEILLANCE ET LA PROMOTION DU BON USAGE DU MEDICAMENT EN France