Médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens et infirmier(e)s, la démographie des différentes professions de santé est un des facteurs majeurs de l’offre et de l’accès aux soins. Mais ce n’est pas le seul : la modification du paysage sanitaire, avec notamment le développement de nouvelles structures pluridisciplinaires visant à mieux répondre, sur les territoires, aux besoins de soins mieux coordonnés a également changé la donne. Enfin, la pénurie de professionnels médicaux et paramédicaux, une constante, s’amplifie face au vieillissement de la population et à l’émergence de nouveaux besoins de soins « plus chroniques ».
Ainsi, pour les établissements publics comme privés, recruter est un besoin constant mais aussi un défi, dont la fidélisation des personnels recrutés est le véritable enjeu. Les nouvelles structures pluridisciplinaires de type maisons (MSP) et centres de santé (CS) ont, elles-aussi, leurs besoins spécifiques et cherchent à recruter dans la proximité.
Le besoin de médecins et de professionnels de santé est en constante évolution avec nos systèmes de santé
Ainsi, concernant le marché de l’emploi médecin, le nombre de généralistes est à la baisse, avec ces dernières années une perte d’intérêt pour l’exercice libéral, de nombreux professionnels lui préférant un exercice mixte ou de salariat en structure de soins primaires. Il faudra attendre 2050 pour combler ce déficit mais avec une prévalence accrue de l’exercice salarié, au sein des nouvelles structures, ce qui modifie considérablement les besoins de ressources médicales en regard de la population médicale active.
Même changement de paradigme pour les chirurgiens-dentistes : si la profession est plutôt en croissance, si elle s’est rajeunie, l’emploi dentiste évolue aussi et tend de plus en plus vers des modes d’exercice moins « risqués », comme l’exercice hospitalier, ou en centre dentaires ou encore l’exercice mixte. Avec l’évolution des pratiques, de nouveaux besoins de personnels en santé dentaire se développent, pour preuve un flux de chirurgiens-dentistes diplômés à l’étranger qui pèse déjà pour environ 5 % des effectifs.
La pénurie infirmière, une pénurie structurelle, aggravée par les fortes vagues de départ en retraite des années 2020 peine à ne pas se creuser. En dépit des stratégies de Santé publique, visant à favoriser une augmentation de la profession jusqu’à plus de 880.000 infirmiers actifs en 2040, la demande de soins infirmiers augmente encore plus vite, avec les besoins de soins croissants des patients plus âgés. La répartition par type d’exercice évolue là-aussi, avec un développement de l’exercice libéral et du salariat en centre de santé.
Enfin, avec la pandémie, ce phénomène de pénurie s’est aggravé, partout dans le monde, et les centres de santé tout autant que hôpitaux très sollicités, manquent de personnel, notamment de personnels infirmiers. Globalement on estime que sur près de 60 millions de professionnels de santé dans le monde, plus de 4 millions de recrutements sont nécessaires « en temps réel » pour faire face aux besoins de soins de santé, aux évolutions démographiques mais aussi à l’évolution des systèmes de santé.
Former et recruter de nouveaux professionnels de santé est devenu un besoin chronique.
2 objectifs, embaucher et accompagner :
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face à la pénurie, à l’évolution du système de santé et à l’émergence des besoins de soins des plus âgés, le recrutement doit donc viser simultanément 2 objectifs, à court terme l’embauche de nouveaux professionnels, et à plus long terme terme « la rétention » des personnels recrutés. En dépit de la Convention Médicale pour les médecins, des règles de l’Ordre pour les chirurgiens-dentistes ou des nouvelles dispositions du Ségur pour les infirmier(e)s, les mesures prises pour renforcer l’attractivité et la reconnaissance des différents types d’exercice peinent à convaincre les professionnels à s’installer dans les territoires les plus « déserts ». Les revalorisations tarifaires comme des salaires ou autres avantages sont ainsi devenus des facteurs de motivation aujourd’hui indispensables au recrutement, qu’il convient de mettre en avant.
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Au-delà, la « rétention des médecins, des infirmières, des dentistes et autres personnels de santé qualifiés » est aujourd’hui considéré comme le prochain grand défi de nos systèmes de santé. On estime qu’environ 20% des personnels de santé envisagent de quitter leur exercice en raison d’un niveau de stress ou de souffrance trop élevés. Recruter implique aussi de fidéliser ses personnels, pour les former et les faire monter en responsabilité, et accroître ainsi la qualité des soins proposés.
La garantie de conditions de travail agréables, de sécurité au travail, de formation continue et d’absence de sous-effectif…sont de bons arguments d’embauche mais aussi des facteurs de fidélisation des nouvelles recrues.
Il existe des agences spécialisées qui connaissent les nouveaux « besoins du marché » et les exigences des « nouveaux » professionnels qui souhaitent retrouver la passion d’exercer. Il est souvent plus efficient, pour les centres de soins comme les établissements de confier leurs recrutements à ces experts des métiers de la santé.
Sources :
- IGAS Rapport août 2018 Déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé
- DREES mars 2021 Quelle démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutique ?
- DREES 53 % d’infirmiers en plus entre 2014 et 2040, une forte hausse qui répond à la demande de soins
- Centre d’Information des Nations Unies (UNRIC) La pandémie de COVID-19 accentue la pénurie en personnel de santé
- La pénurie de professionnels de santé, un enjeu mondial – Jean-Marc Braichet 2008 DOI : SCAD-11-2007-00-64-0183-2980-101019-200602867
- JAMA Network Open April 2, 2021 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2021.3997 Experiences of a Health System’s Faculty, Staff, and Trainees’ Career Development, Work Culture, and Childcare Needs During the COVID-19 Pandemic