Plus de 50.000 décès en France. Plus de 250.000 aux Etats-Unis. Contre toute attente, le poids des erreurs médicales reste élevé sur la mortalité dans les pays riches. Cette étude de la Johns-Hopkins (Baltimore), le rappelle, en estimant les erreurs médicales comme troisième cause de décès aux États-Unis, après la maladie cardiaque et les cancers. Des résultats, présentés dans le British Medical Journal, qui révèlent le retard considérable dans la mise en œuvre d’une culture d’analyse du retour d’expérience, à la ville comme à l’hôpital, permettant de faire progresser la sécurité des soins.
Les chercheurs précisent que le système d'enregistrement des décès ne facilite pas non plus l'identification des décès par erreurs médicales et que l'ampleur du problème est très probablement sous-estimée. En effet, le système d'enregistrement américain, comme celui de 116 autres états, dont la France, utilise le système ICD (International Classification of Disease) de l'OMS, qui ne « propose » pas parmi les causes du décès, les causes liées à des facteurs humains. Ainsi, les estimations récentes sont comprises entre 210.000 à 400.000 décès de patients hospitalisés chaque année aux États-Unis.
En extrapolant le nombre total d'admissions dans les hôpitaux américains en 2013, les chercheurs estiment ici un nombre moyen de décès par erreur médicale de 251.454 par an, aux US,
– en comparant leur estimation au nombre de décès de causes fréquentes, ils estiment que les décès liés à erreurs médicales sont la troisième cause de décès la plus fréquente,
– bien que prenant en compte l'inévitable aléa thérapeutique, les chercheurs appellent enfin à mieux prendre la mesure de l'ampleur du problème et à mettre en œuvre des systèmes plus performants de sécurité des soins.
Réduire les erreurs médicales en 3 étapes : avec ces chiffres, des recommandations, dont,
rendre les erreurs mieux traçables, y compris via les certificats de décès, de sorte à pouvoir prévenir au plus tôt leurs effets,
prévoir les prises en charges médicales d'urgence, permettant de répondre rapidement aux erreurs,
prendre en compte les limites humaines (soignants et patients) pour réduire le risque d'erreurs,
travailler, notamment au sein des hôpitaux sur l'analyse des retours d'expériences, de manière à ne pas reproduire les mêmes erreurs et pouvoir mettre en place les garde-fous nécessaires.
Il s'agit d'adapter, là encore, des méthodes scientifiques en commençant par évaluer le problème source de l'erreur médicale, ce qui passe par une vraie reconnaissance du rôle et de l'impact de l'erreur médicale dans le décès du patient.
BMJ 2016;353:i2139 03 May 2016 Medical error—the third leading cause of death in the US
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