C’est la démonstration de ces experts qui à travers une série d’articles publiés dans le Lancet, appellent les leaders politiques à reconnaître le potentiel sanitaire des sages-femmes. Vital car essentiel pour sauver les vies de femmes et d’enfants dans le monde entier. Un rôle crucial autour de la grossesse démontré par cette analyse de grande envergure qui s’accompagne aussi de critiques, comme de la tendance à la surmédicalisation des grossesses et le recours trop systématique à des interventions inutiles, comme les césariennes ou les épisiotomies.
Chaque année, près de 300.000 femmes décèdent durant leur grossesse, l’accouchement ou peu après. 2,6 millions de femmes vivent une mortinatalité et 2,9 millions d’enfants meurent dans leur premier mois de vie. Des millions de femmes vont souffrir de problèmes de santé de long terme et de troubles émotionnels, parce qu’elles n’ont pas reçu des soins de santé adaptés autour de leur grossesse.
Ce consortium international d’universitaires, de cliniciens et de sages-femmes montre l’ampleur de l’impact positif d’un exercice de haute qualité des sages-femmes : Le Pr Mary Renfrew de l’Unité de recherche infantile de l’École des sages-femmes de l’Université de Dundee (Ecosse) explique notamment, dans l‘un des articles, l’ensemble des besoins des femmes en âge de procréer et de leurs bébés à travers le monde qui ne sont pas encore satisfaits, malgré une nécessité d’accès aux soins de santé primaires bien démontrée dans la littérature. Elle apporte les preuves du rôle essentiel des sages-femmes dans les soins maternels et néonatals mais aussi des avantages sociaux, économiques et sanitaires à l’échelle mondiale.
Un potentiel de vies à sauver énorme : De nouvelles données apportées par cette série, suggèrent que dans les pays les plus touchés par les décès infantiles et maternels, plus des trois quarts des morti-naissances et des décès maternels et néonatals pourraient être évités dans les 15 prochaines années si une sage-femme compétente était présente pour suivre ces patientes. En augmentant de 25% l’accès aux soins des sages-femmes, le taux actuel de mortalité maternelle pourrait être réduit de moitié d’ici à 2030. Un potentiel de vies à sauver concentré en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, où cet accès aux soins reste le principal obstacle à l’amélioration de la santé materno-infantile. Ainsi, la santé materno-infantile reste critique dans les pays en développement qui concentrent 97% des décès.
Des réajustements à opérer: A contrario, la surmédicalisation de la grossesse commence à représenter une menace pour la santé et le bien-être des femmes dans les pays riches, mais aussi à faible revenu. Le recours systématique à des interventions inutiles, dont les césariennes, une mobilité trop limitée pendant le travail ou encore l’épisiotomie peuvent, si non nécessaires, avoir des effets néfastes pour la santé des mères et des jeunes enfants. C’est le combat du Pr Caroline Homère de l’Université de Technologie de Sydney (Australie) qui dénonce à la fois la sous et la surutilisation de ces interventions médicales pendant la grossesse qui touchent, estime-t-elle, pas moins de 20 millions de femmes chaque année dans le monde. A la clé, aussi, des dépenses de santé élevées et des incapacités qui renforcent la pauvreté des familles concernées.
Les sages-femmes, un « retour sur investissement » comparable à celui de la vaccination : S’il n’est pas question pour les auteurs à limiter l’appréhension du rôle de la sage-femme à un critère financier, leur analyse démontre que la formation et la disponibilité de sages-femmes communautaires présente un niveau de retour sur investissement et en termes de coût par vie sauvée, comparable à celui de la vaccination.
Un argument choc, y compris pour la France où la profession ne reste pas suffisamment reconnue, que ce soit en terme de formation ou de rémunération.
Une reconnaissance adéquate, au niveau international, reste à instaurer : Mieux communiquer, expliquer le rôle des sages-femmes, permettrait aussi d’améliorer la condition des sages-femmes dans la société, comme celle des femmes qu’elles suivent. Ainsi, dans un autre article, les experts fournissent un cadre d’exercice et de soins, idéal, et dont les femmes, les bébés et leurs familles auraient besoin, autour de la grossesse. Un cadre qui définit les besoins des patientes et de leurs bébés, mais aussi les protocoles, quand, où, comment et par qui. Une contribution à l’amélioration des soins des sages-femmes dans le monde entier mais aussi une reconnaissance de leur contribution. C’est le discours du Pr Petra ten Hoope-Bender, de l’Instituto do Cooperación Integrare sociale (Espagne) qui croit en la la nécessité de mettre en œuvre partout dans le monde et en dépit de contextes culturels et techniques très différents, des améliorations efficaces mais abordables.
Le bémol reste l’efficience du système de santé, dont la sage-femme a besoin pour apporter sa précieuse contribution.
Source: The Lancet Series of international studies on midwifery (Visuel) Read the executive summary
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