Et si c’était à refaire ? 25% -toutes professions confondues- des médecins généralistes et spécialistes, dentistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, vétérinaires, radiologues, et biologistes, ne referaient pas le même métier. Face aux transformations du marché de la santé, 60% d’entre eux se sentent menacés. Ces résultats du Scan CMV Médiforce, l’Observatoire dédié aux professions libérales de santé, mettent en avant deux craintes, celle d’une nouvelle concurrence tous azimuts avec l’Internet et celle à très court terme d’un manque de trésorerie.
Cette enquête réalisée par CMV Médiforce, filiale de BNP Paribas spécialiste du financement des professions libérales de santé, avec TNS Sofres, a interrogé, pour la deuxième année consécutive 480 professionnels de santé sur l’exercice de leur métier et sur l’évolution de la concurrence, sous tous ses aspects, Internet, automédication, distribution low cost, pratiques médicales à l’étranger…
Internet, la porte ouverte à une nouvelle concurrence : Plus de 6 professionnels de santé interrogés sur 10 se sentent fortement menacés par ces nouvelles formes de concurrence. Plus d’1 professionnel sur 4 juge son activité pénalisée par les différents services de conseil ou de vente proposés sur le web. Chez les pharmaciens et les vétérinaires, ils sont plus de la moitié (50 et 55% respectivement) à pointer le « low-cost » (produits et pratiques) comme premier facteur de concurrence et les plus nombreux (40 et 38% respectivement) à redouter les effets d’internet sur leur activité. En cause, en particulier pour ces professionnels, les cyberpharmacies, avec une situation française à part en regard de nombreux voisins européens ayant déjà autorisé depuis longtemps, selon différents degrés (avec ou sans officine, OTC ou prescription) la vente de médicaments sur Internet. Parmi les nouvelles sources de concurrence, l’automédication, avec les pharmacies en ligne, et la possibilité de se faire soigner à moindre coût, parfois, à l’étranger. 35% des chirurgiens-dentistes redoutent ainsi la concurrence que leurs confrères des pays de l’Est.
Internet, pourtant un outil de travail au quotidien : Pourtant les professionnels ne semblent pas avoir manqué le virage numérique. 90% d’entre eux se connectent au moins une fois par jour et considèrent aussi Internet comme un outil de travail incontournable, d’information d’abord pour 83% des personnes interrogées et de formation pour 50% d’entre elles. 54% des professionnels ont déjà acheté du matériel professionnel sur internet et 63% en ont l’intention à l’avenir.
Une menace de court terme, la trésorerie : C’est, face à la crise, la principale crainte exprimée par les professionnels interrogés par CMV Médiforce. Ainsi, plus d’un tiers d’entre eux –et 70% pour les radiologues- sont inquiets par l’état de leurs finances et auront des besoins de trésorerie à combler à court terme. Motif évoqué, comme dans de nombreuses PME, l’importance des charges sociales.
Les professions de santé, toujours plus mal notées, par ces professionnels qui les exercent. Ainsi, les praticiens donnent une note à peine au-dessus de la moyenne de 5,4, vs 5,8 l’an dernier (Voir schéma ci-contre). Et lorsque l’on parle d’avenir, la note se dégrade encore à 4,8. Ce sont les infirmiers dont les notes pour ces deux items ont le plus fortement baissé entre cette année et l’an dernier, de près d’un point, pour la situation actuelle et à venir. Les pharmaciens progressent légèrement mais sont, avec les biologistes les moins optimistes à propos de leur situation. En fait, 33% des professionnels interrogés ne recommanderaient pas leur profession à un futur étudiant. Et si c’était à refaire ? 25% d’entre eux ne referaient pas le même métier…Bref, aux yeux des professionnels, la situation actuelle tend à se détériorer, doucement, mais sûrement.
: Scan CMV Médiforce 2013, auteur : Isabelle Boulanger
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