Des problèmes de santé mentale plus fréquents chez les minorités sexuelles, lesbiennes, gays et bisexuels, mais aussi et surtout un parcours de santé souvent plus difficile, émaillé d’expériences négatives avec des infirmières ou des médecins, ce sont les principales conclusions de cette étude britannique menée sur plus de 2 millions de personnes, dont plus de 27.000 non strictement hétéros. Un double enseignement pour les professionnels de santé : le risque plus élevé de détresse émotionnelle et la discrimination ressentie face à certains soignants par les personnes homo ou bisexuelles.
Une plus grande prévalence des troubles mentaux et émotionnels : « Les lesbiennes, les gays et les bisexuels sont plus susceptibles de présenter des problèmes de longue date de santé mentale », concluent d’abord ces chercheurs de la RAND Corporation, de l’Hôpital pour enfants de Boston, de la Harvard Medical School et de l’Université de Cambridge.
Leur analyse a porté sur les données de 2.169.718 personnes ayant répondu à l’Enquête English General Practice Patient Survey (2009-2010), adressée à 5,56 millions d’adultes inscrits chez un médecin affilié au National Health Service britannique (NHS). L’enquête portait sur l’état de santé, les expériences de soins de santé (confiance dans le médecin, qualité de la communication patient-médecin, qualité ressentie de prise en charge, …) et les caractéristiques personnelles dont l’orientation sexuelle.
Les répondants des 2 sexes appartenant aux minorités sexuelles s’avèrent 2 à 3 fois plus susceptibles de déclarer avoir un problème psychologique ou émotionnel de longue date que leurs homologues hétérosexuels. C’est le cas de :
· 10,9% des hommes homosexuels,
· 15% des hommes bisexuels,
· vs 5,2% des hommes hétérosexuels
· 12,3% des femmes lesbiennes,
· 18,8% de femmes bisexuelles,
· vs 6,0% des femmes hétérosexuelles.
Ces répondants s’avèrent également plus susceptibles de déclarer une moins bonne santé (soit 22% pour les hommes homosexuels et 26% pour les hommes bisexuels vs 19% pour les hétérosexuels).
Des expériences de soins « désagréables » ou non satisfaisantes, c’est la seconde grande conclusion de l’étude : Si ces expériences négatives restent rares sur le global, les personnes appartenant aux minorités sexuelles sont plus susceptibles d’en rapporter l’expérience: Ainsi,
· Le manque de confiance en le médecin est signalée par 5,6% des gays et 4,3% des hommes bisexuels, vs 3,6% des hétérosexuels, et par 5,3% des femmes lesbiennes et 5.3 % des femmes bisexuelles vs 3,9% des femmes hétérosexuelles,
· Une mauvaise communication patient-médecin est rapportée par 13,5% des hommes homosexuels et 12,5% des hommes bisexuels vs 9% des hétérosexuels et par 11,7% des femmes lesbiennes et 12,8% des femmes bisexuelles vs 9,3% des femmes hétérosexuelles,
· une prise en charge non-satisfaisante est rapportée par 5,9% des hommes homosexuels et 4,9% des hommes bisexuels vs 3,8% des hommes hétérosexuels et par 4,9% des femmes lesbiennes et 4,2% des femmes bisexuelles vs 3,9% des femmes hétérosexuelles.
Moins bon état de santé et plus grand nombre d’expériences négatives de santé semble ici être le « lot » des patients de minorités sexuelles. Donc, des efforts à faire, par les professionnels de santé, pour mieux détecter chez ces groupes de patients les troubles mentaux et émotionnels, et améliorer la qualité de la communication et de la prise en charge. Parler de l’orientation sexuelle reste la condition de ces améliorations.
Source: Journal of General Internal Medicine September 4 2014 DOI: 10.1007/s11606-014-2905-y Sexual Minorities in England Have Poorer Health and Worse Health Care Experiences: A National Survey
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