Chaque année depuis 2012, une étude* sur l’utilisation des smartphones par les médecins nous offre une photographie sur ce secteur TIC et Santé. Le 4ème baromètre, publié en mars 2016, confirme un taux de détention élevé (85% des médecins répondants possèdent un smartphone), souligne un niveau d’équipement numérique plus large (ordinateur, logiciel médical), fait émerger les bases de données de médicaments de la jungle des applications santé les plus utilisées. Il pointe par ailleurs le manque de confiance des médecins dans la sécurité des données et le besoin exprimé de recommandations officielles aidant la profession à s’y retrouver. Décryptage.
L’étude présentée a été réalisée auprès de 1402 médecins utilisateurs de smartphones. Les sondés ont été interrogés sur leur propre utilisation ainsi que sur les conseils donnés à leurs patients en matière d’applications santé et d’objets connectés. Une évolution des tendances au fil des années est proposée et l’étude s’est également attachée à analyser les freins et les leviers potentiels de l’utilisation des smartphones.
Profil des médecins répondants
Les médecins interrogés exercent à 80% en libéral, pour la plupart en médecine générale. Deux-tiers sont des hommes et, contrairement aux idées reçues sur l’association nouvelles technologies et jeunesse, 80% du panel a plus de 50 ans, l’âge moyen s’établissant à 57 ans. Premier marqueur fort : 85% des médecins interrogés ont un smartphone. Et il est intéressant de noter que la plupart dispose également au cabinet d’un ordinateur et, à 71%, d’un logiciel d’aide à la prescription, ce qui représente une belle évolution depuis le dernier baromètre (+7%).
Ø Parmi les smartphones détenus, l’iPhone fait toujours course en tête, mais les médecins sont deux fois plus nombreux qu’en 2012 à avoir opté pour un Android.
Ø La tendance est la même côté tablettes : un médecin interrogé sur deux possède une tablette et, si Apple est toujours numéro un, Android gagne du terrain.
Médecin et smartphone : quel type d’utilisation ?
Premier enseignement comportemental de l’étude : les médecins répondent de moins en moins à leur smartphone pendant la consultation. En revanche, la navigation sur internet depuis le smartphone augmente pendant cette même consultation (+10% de médecins avouent surfer au cabinet comme en visite), même si la durée globale de navigation a tendance à baisser quelque peu.
Au palmarès des sites internet les plus visités, le résultat le plus marquant est la forte hausse de consultation de sites de bases de données de médicaments, visités par 77% des médecins interrogés et qui occupent d’ailleurs la première place. Alors que, d’un autre côté, la consultation des sites institutionnels affiche une forte baisse.
Ø Les sites professionnels connaissent quant à eux un trafic en légère hausse (à 58%).
Au-delà de la consultation d’information, une utilisation métier en forte progression est soulignée par l’étude : 65% des médecins utilisent leur smartphone pour prescrire, contre 35% seulement en 2012 et 2013. Les médecins restent d’ailleurs une majorité à demander un accès à leur LAP (Logiciel d’Aide à la Prescription) sur leur smartphone, même si cette demande est en baisse.
Enfin, côté réseaux sociaux, le trafic reste stable, à un niveau faible (23%), Facebook occupant sans surprise la première place, devant un Twitter qui baisse. Pour les réseaux sociaux, c’est toujours hors consultation.
Focus sur les applications
Le taux d’utilisation d’applications médicales reste stable au fil des années, il s’établit aujourd’hui à 58% des médecins interrogés détenteurs d’un smartphone. Si l’on affine le niveau d’utilisation, on se rend compte que 39% d’entre eux ont plus de trois applications installées sur leur smartphone mais seuls 17% les utilisent réellement.
De même que pour les sites, ce sont les applications de bases de données de médicaments qui remportent les suffrages côté applications, avec 88% d’utilisateurs parmi les médecins répondants, alors que la baisse se poursuit depuis 2012 pour les autres applications médicales.
Ø Les médecins manifestent en premier lieu un intérêt pour les applications métier, comme l’aide à la prescription ou l’aide à la décision, et, sur le plan thérapeutique, diabète et nutrition sont cités comme domaines les plus susceptibles de bénéficier d’applications mobiles.
Ø L’étude souligne que la gratuité n’est pas un critère de sélection, 62% des médecins répondants n’hésitant pas à télécharger des applications payantes.
Ø En revanche, parmi les freins, l’étude pointe le manque de confiance dans la sécurité des données et l’absence de labellisation, sujets pour lesquels les médecins répondants feraient en priorité confiance aux sociétés savants et autorités de santé.
Relation médecin-patient
Bien que progressant de 10% depuis deux ans, le pourcentage de médecins conseillant des applications santé à leurs patients reste encore très faible (18%). Et ce résultat est d’autant plus faible quand on voit qu’ils le font à moins de 10% de leur patientèle. Ces pourcentages sont identiques pour les objets connectés, tensiomètres et glucomètres en tête, alors que la balance connectée connaît une baisse.
L’étude montre également que le profil technophile et jeune des patients est privilégié par les médecins au moment de conseiller l’utilisation d’une application santé ou d’un objet connecté.
A la lecture de ce 4ème baromètre sur l’utilisation des smartphones par les médecins, il apparaît que malgré un niveau d’équipement élevé, beaucoup reste à faire pour le développement de l’utilisation d’applications santé et autres objets connectés. Le manque de labellisation « scientifique » ou de recommandations officielles rend difficile un décollage plus massif de ces nouveaux outils. Mais la tendance est là !
* Baromètre Vidal en partenariat avec le CNOM