A la ville comme à l’Hôpital, la collaboration entre les différents professionnels de la santé, en particulier entre les médecins et les infirmières est évidemment souhaitable pour les patients car elle permet, avec une meilleure communication, une meilleure coordination et continuité des plans et des parcours de soins. Cette étude de la Penn State qui s’est penchée sur l’Hôpital et a regardé comment les médecins et les infirmières collaborent au cours des visites patients. L’étude montre qu’il y a encore beaucoup à faire pour renforcer le travail d’équipe dans les établissements. Les conclusions, présentées dans la revue BMC Health services Research révèlent ainsi toute une marge d’amélioration de la qualité des soins apportés aux patients.
La collaboration interprofessionnelle améliore la qualité des soins médicaux, mais en pratique, l’intégration de cette coordination dans le flux de travail hospitalier reste limitée. L’identification des facteurs associés au système de santé et à l’organisation des soins qui vont favoriser ou réduire les cycles interprofessionnels au chevet, une méthode de collaboration entre médecins et soignants qui a fait ses preuves, est essentielle pour améliorer cette collaboration en milieu hospitalier. En France, on peut citer la méthode du « patient-traceur » qui non seulement est centrée sur l’expérience du patient mais réunit au chevet du patient différents professionnels de santé, pour une prise en charge mieux coordonnées tout au long du parcours de soins.
Cette étude (américaine) a donc tenté d’évaluer le taux de visites « interprofessionnelles » au chevet du patient dans 18 unités hospitalières, à partir de données d’audits infirmiers. Ces visites interprofessionnelles au chevet étaient définies comme des consultations au chevet du patient comprenant un médecin traitant et une infirmière analysant et discutant ensemble le cas patient. L’analyse de ce taux a pris en compte également :
– certaines caractéristiques spatiales de l’organisation des soins à l’hôpital (type d’unité, nombre de lits, m2 par patient),
– les caractéristiques du personnel soignant (ratios infirmière-patients, …),
– les caractéristiques du patient (durée du séjour, gravité de la maladie),
– les perceptions infirmières de la communication entre personnels, dotation en personnels et utilisation de protocoles….
Au total, l’analyse a porté sur 29.173 patients évalués au cours de 1.241 jours d’hospitalisation,
· 21.493 (74% des) patients ont bénéficié d’au moins une visite interprofessionnelle,
· les facteurs favorisants sont :
· l‘hospitalisation en USI (OR : 9,63),
· en unité de soins intermédiaires OR : 2,84),
· la durée de l’hospitalisation (> 7 jours : OR : 2,27)
· le soutien de l‘organisation tel que perçu par les équipes infirmières.
Plus de « disponibilité infirmière » ! Ainsi, ce mode de coordination interprofessionnelle, à l’hôpital, au chevet du patient semble très associé au type d’unité, suggérant l’intérêt de reconfigurer plutôt l’organisation de la prestation de soins que véritablement l’organisation spatiale des soins. Ces unités ont généralement aussi plus d’infirmières pour chaque patient, donc plus de « disponibilité infirmière » pour ces visites de chevet. Un plus long séjour à l’hôpital offre aussi plus de possibilités pour les médecins et les infirmières de pouvoir se synchroniser pour la visite des patients. Enfin, le recours à des protocoles et la perception par les infirmières du soutien de l’organisation pour ce type de soins en équipe favorise sa mise en pratique plus fréquente.
Enfin, ces données confirment celles de précédentes recherches révélant que le nombre de soins interprofessionnels au chevet en milieu hospitalier peut varier considérablement d’une spécialité à une autre et d’une organisation des soins à une autre (protocoles).
De la culture de l’hôpital : ce sont dons des facteurs institutionnels, relationnels et culturels qui favorisent, ou pas, ces collaborations entre médecins et infirmières. Il ne s’agit pas concluent les auteurs, de simplement demander aux médecins d’impliquer plus souvent les infirmières dans leurs visites aux patients mais de réellement comprendre les défis sous-jacents, de trouver les outils pour les surmonter et les intégrer dans les protocoles de l’établissement.