Alors que le développement de coopérations interdisciplinaires s’accélère, en particulier avec les pôles et les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), cette revue de la littérature portant sur les coopérations entre médecins généralistes et pharmaciens montre que, malgré les attentes de certains professionnels, leur mise en place et leur efficacité pour le patient se limitent aujourd’hui à quelques grands domaines d’intervention. Les conclusions, publiées dans l’édition de septembre de la revue Santé Publique-Pratiques et Organisation des soins, engagent pour la France, au contraire d’expériences étrangères, à une collaboration progressive plutôt qu’à une substitution !
Au total, 22 articles qui testaient l’efficacité de l’intervention complémentaire du pharmacien par rapport à celle du généraliste, ont été inclus, mais les auteurs de l’analyse signalent l’hétérogénéité des critères retenus dans les différentes études rendant la comparaison difficile, l’absence d’analyse coût/efficacité, l’abandon en cours d’études de nombreux pharmaciens en raison de difficultés de mise en œuvre de leur intervention ou à convaincre les médecins généralistes de participer.
Les auteurs soulignent que « les pharmaciens souhaiteraient être d’avantage impliqués dans le choix et le suivi des traitements médicamenteux, et se sentent capables de prendre en charge certaines maladies bénignes ».
Les interventions évaluées par ces études et certainement représentatives d’une réalité dans la pratique, couvraient plus souvent une collaboration médecins généralistes-pharmaciens qu’une substitution. Cette collaboration pouvait consister en une revue des traitements médicamenteux (mise en évidence par le pharmacien de problèmes de prescription ou d’interaction), une consultation médicale en amont du renouvellement des traitements, des interventions d’éducation à la santé ou thérapeutique ou de suivi d’une pathologie chronique…
16 études montrent un bénéfice pour les patients lié à l’intervention du pharmacien dans la gestion d’un problème de santé chronique ou dans la gestion du traitement médicamenteux. Ce bénéfice est le plus flagrant,
· dans la prise en charge de l’hypertension artérielle,
· de l’hypercholestérolémie,
· pour limiter les problèmes de prescription médicamenteuse.
Vers une collaboration plutôt qu’une substitution : Alors que dans 40 états américains, la gestion des traitements peut être réalisée par les pharmaciens, en collaboration avec les médecins généralistes, qu’au Canada, le pharmacien peut largement prescrire à l’hôpital, qu’au Royaume-Uni, il peut renouveler les prescriptions, ces mesures permettant
Globalement de réduire les coûts de prescription, les auteurs soulignent, pour la France, des obstacles
pratiques et éthiques à la mise en place de telles coopérations, recommandant la forme d’une collaboration plutôt que d’une substitution. Ils concluent néanmoins au bénéfice de la coopération entre pharmaciens et médecins généralistes pour la qualité des soins de santé primaire, en particulier dans le cadre de la prise en charge des problèmes cardio-métaboliques et de prescription.
s: Santé Publique-Pratiques et organisation des soins 2013 n°3 Coopération entre généralistes et pharmaciens (Visuel © fmarsicano – Fotolia.com)
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