Cette étude de l’Université du Michigan alerte sur un risque double de caillots sanguins, avec les cathéters centraux à insertion périphérique (PICC), souvent privilégiés pour la délivrance d’antibiotiques, de solutions de nutrition et de chimiothérapie, par rapport à d’autres cathéters veineux centraux (CVC). Ces conclusions, publiées dans l’édition du du Lancet, appellent à travailler au développement de cathéters plus sûrs pour ces patients à risque élevé et dont les soins exigent ce type de dispositif sur le long terme.
Choisis pour leur sécurité, leur facilité d’utilisation et le confort des patients, les cathéters centraux à insertion périphérique sont devenus le dispositif standard pour délivrer des liquides intraveineux sur le long terme, parce qu’ils présentent aussi moins de risque infectieux, peuvent être commodément installés au chevet du patient et peuvent surtout rester en place pendant de longues périodes de temps. La mise en place d’un PICC, généralement dans une veine périphérique du bras est plus sûre et simple que celle d’un CVC placé dans une grosse veine du cou, de la poitrine ou de l’aine avec un risque de lésion nerveuse ou artérielle. La capacité à garder longtemps un PICC, durant des mois, autorise les patients qui ont besoin d’un flux constant de médicaments à poursuivre leur traitement à domicile.
Pourtant le PICC double le risque de caillots de sang, en particulier chez les patients gravement malades ou atteints d’un cancer. Et si ces nouveaux cathéters ont réellement ouvert une nouvelle ère dans les soins, les professionnels de santé doivent, écrivent les auteurs, être conscients du fait qu’ils ont aussi leurs risques spécifiques et peuvent ne pas être adaptés à tous les patients. Vineet Chopra, professeur adjoint de médecine interne explique ici que les patients comme les médecins doivent examiner les risques et les bénéfices du dispositif, avant de l’adopter, en particulier le risque de formation de caillots sanguins.
Un risque de caillots plus élevé qu’on ne le pensait : Les chercheurs ont analysé les risques de thrombose veineuse profonde associés à PICC vs CVC à partir de 11 études. Ils constatent que les patients équipés d’un PICC ont un risque double de caillots de sang vs ceux équipés d’un CVC (OR : de 2,55 à 1,54), mais pas plus de risque d’embolie pulmonaire. La fréquence de la thrombose veineuse profonde associée PICC est la plus élevée chez les patients en soins intensifs ou ceux atteints de cancer qui sont déjà à risque élevé de formation de caillots.
Un paradoxe, soulignent les auteurs, car ce sont les populations les plus à risque de thrombose, avec ce type de cathéter, qui sont aussi celles qui en ont le plus besoin. Conclusion, compte-tenu du risque de thrombose plus élevé qu’attendu, non seulement une surveillance particulière s’impose mais il serait urgent d’explorer des alternatives plus sûres chez ces patients à risque et dont les soins exigent ce type de dispositif.
Source: The Lancet online, May 20, 2013 Risk of venous thromboembolism associated with peripherally inserted central catheters: a systematic review and meta-analysis (Visuel Vanderbilt)