« Aucun médecin ne saurait consentir à donner la mort ». En s’attachant à distinguer arrêts de vie et fins de vie, l’Académie nationale de Médecine, consciente de la difficulté de compréhension pour les citoyens comme pour les professionnels de santé des différents textes réglementaires, réitère, dans sa contribution sur l’accompagnement des personnes en fin de vie, sa conviction qu’il faut absolument se garder de revenir sur la Loi Leonetti de 2005. L’Académie s’inscrit donc, avec cette réflexion adoptée à l’unanimité le 20 novembre dernier, -et qu’il est difficile de résumer- en contre du Projet de Loi de loi «relative à l’assistance médicalisée pour mourir », arguant que le projet vise à introduire le « droit à bénéficier d’une aide active à mourir ».
L’engagement électoral du Président de la République a relancé le débat sur l’euthanasie. Une proposition de loi « relative à l’assistance médicalisée pour mourir » est déjà au Sénat qui introduit le « droit à bénéficier d’une aide active à mourir » pour toute personne malade, mais aussi le droit à bénéficier d’une « assistance médicalisée pour mourir » pour toute personne atteinte, en phase avancée ou terminale d’une affection reconnue grave et incurable ou placée du fait de son état de santé, dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité.
La menace d’une grave dérive de notre société, selon l’Académie : L’Académie nationale de médecine s’était déjà exprimée sur la question en janvier 2011 à l’occasion du débat ouvert au Sénat sur une proposition similaire, indiquant que l’assistance médicalisée pour mourir, quel que soit son cadre réglementaire, ouvrirait la porte à la dépénalisation de toutes les formes d’euthanasie à commencer par celle des personnes les plus vulnérables. LaLoi Leonetti précise, encadre et accroît déjà le rôle et la responsabilité de l’équipe soignante dans la décision de substituer l’accompagnement du mourant aux soins médicaux jusque-là dispensés, explique l’Académie, qui reconnaît néanmoins que les Français , dans leur grande majorité (voir tableau ci-contre) et un grand nombre de professionnels de santé, n’y trouvent pas une réponse suffisante et satisfaisante.Pour l’Académie, les modalités de son application doivent être mieux expliquées et comprises.
« Fin de vie » et « Arrêt de vie » :
· Sur la fin de vie, définie comme l’évolution terminale d’une maladie devenue incurable, en dépit des traitements entrepris pour tenter de la guérir, et ce, quel que soit l’âge de la personne, l’Académie rappelle
– Qu’« elle soutient (…) et encourage la promotion du concept de l’Accompagnement des mourants » et tenu à préciser qu’« une relative réduction de la durée de survie résultant de l’arrêt d’un processus mécanique d’assistance ou des effets des sédatifs sur un organisme parvenu au seuil irréversible de sa défaillance organique ne peuvent en aucun cas être assimiles à un acte d’euthanasie ».
– Qu’elle ne pourrait qu’apporter son soutien à toute disposition qui viserait à rendre permanent et efficace un dispositif de proximité d’identification et de vigilance qui leur permette de « vivre leur fin de vie » en quiétude, chez elles, dans les meilleures conditions possibles d’accompagnement.
· L’arrêt de vie, en réponse à une demande volontaire à mourir alors que la vie en elle-même n’est ni irrémédiablement parvenue à son terme ni immédiatement menacée ne peut être assimilé à un acte médical et l’Académie précise que, sans équivoque, quand bien même il s’agirait “seulement“ d’une aide au suicide, il s’agit d’une euthanasie active.
En conclusion, l’Académie nationale de Médecine réitère sa conviction qu’il faut absolument se garder de revenir sur la Loi Leonetti. « Aucun médecin ne saurait consentir à donner la mort ».
: Position de l’Académie nationale de médecine sur « La fin de vie »- Contribution à la « réflexion publique des citoyens, sur l’accompagnement des personnes en fin de vie » (Mission Sicard)- Denys Pellerin (Visuel : Etude IFOP Les Français et l’euthanasie-Août 2011)
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